Wooh trop chelou. Gros besoin de raconter ma vie là x). J'avais déjà parlé ici de ce mec, qui à la base était le mec de ma meilleure amie il y a un an de ça, chez qui j'ai habité une partie de l'année qui touche à sa fin. On a entretenu des rapports très mitigés et irréguliers jusqu'en septembre puis on a tout rompu à la mi-octobre sur un désaccord.
Cette période de ma vie (donc quasiment tout 2013) est très floue. Par moments, j'ai fait preuve de grosse gymnastique cérébrale pour faire volontairement l'impasse sur certains évènements, parce que le souvenir aurait été trop culpabilisant ou douloureux. J'ai eu des périodes où je pouvais parcourir des 100aines de km dans la France en quelques jours, changer d'endroit 3 fois en une semaine, comme des périodes où je ne changeais quasiment pas de regards (de pièce, plus exactement) pendant un mois ou deux, voir je vivais de nuit sans aucune interaction sociale. J'ai aussi traversé beaucoup de périodes où je n'étais obsédée que par le suicide et d'autres, moins, où je doutais sur ma santé mentale, et franchement je crois que c'est bien pire; on peut ressasser infiniement la question du suicide, au final il reste toujours que deux solutions possibles, soit on le fait, soit on le fait pas. Mais se demander si on est vraiment sain d'esprit (et dans quel cadre, a partir de quels critères peut-on déterminer si une personne est saine ou "sale" d'esprit ? la psychiatrie ?..), si on entend vraiment les choses telles qu'elles sont, si on les comprend encore, si on est toujours connecté correctement au monde extérieur en étant intimement persuadé que non, ça a un côté terriblement vicieux; plus c'est pire, plus c'est pire, et plus ça devient vrai.
Mais donc bref. Dimanche soir je rentrais dans ma ville natale pour les teufs de fin d'année. J'aurais pu me faire reconduire chez mes parents mais j'ai préféré rentrer à pattes, en fait j'étais vraiment minée. J'avais déployé pas mal d'énergie à parcourir en tout genre 500bornes sans avoir vraiment préparé un itinéraire précis, ni avoir pris connaissance des horaires des trains, ni vraiment avoir la certitude de pouvoir le payer, le train, entre l'autostop sous la flotte, les correspondances précipitées et hasardeuses entre l'entre-deux wagons de l'intercités tout pourri tout gavé de monde et 2h de tgv à vaguement éviter le contrôleur, les sous-sols parisiens où une roulette de ma grosse valise a décidé de se faire la malle, etc, et je n'avais aucun soulagement d'être rentrée puisque je n'en avais pas envie. Noël, ça me rend profondément triste. Je voulais pas rentrer. Je vois presque ça comme un genre de service ou de faveur que je fais à mes parents, et c'est dur de voir qu'ils ne comprennent pas que je ne veux simplement plus les voir, pour le moment. Donc voilà, krrrrr-krrrrrr, je traîne lentement ma carcasse et celle de ma valise estropié dans le silence de la petite ville de province où j'ai grandi, en direction de chez moi, et personne n'est au courant, pas même ma mère. J'ai pris cette tendance, outre de ne pas donner de nouvelles, de ne jamais mettre les gens au courant, de tirer une certaine "satisfaction" à entreprendre des trucs sans que personne ne le sache, je sais pas, c'est confortable, mes actions sont d'autant plus vaines comme ça, si personne ne le sait, ça n'existe pas ? Sauf pour moi. C'est exactement le contraire du plaisir qu'on peut avoir à documenter sa vie dans les moindres détails sur instagram. Et là, mon ancienne ligne de téléphone avait été coupée et je venais juste d'en récupérer une, je n'avais pas réussi à avoir accès à internet depuis relativement longtemps, j'avais été hospitalisée pendant deux semaines; théoriquement, personne ne devait savoir vraiment ce qu'il était advenu de moi durant les -au moins- trois semaines passées (sauf mes parents et mon lycée et les gens qui me côtoient au quotidien là bas, hin) et moi, je n'avais aucun moyen de savoir si des gens s'inquiétaient pour moi. C'est à la fois pas cool et assez délicieux. Je me suis fait fantôme pour me retrouver moi-même, j'ai fait une vraie pause, et j'ai d'ailleurs un peu retrouvé la confiance aussi. Krrrrr-krrrrr-krrrrrr, la ville est déserte, à la mi-chemin j'avais oublié l'espoir de rencontrer une connaissance et je regrette d'avoir voulu rentrer à pieds. Et là je sens mon portable avec ma toute fraîche sim qui vibre, c'est un 06 en plus, chelou. J'ai hésité à répondre en plus, mais allez, bon. Au début je captais vraiment pas qui c'était, puis mes connections se sont mises en marche et dans l'ordre sa voix m'a dit vaguement un truc, ah bah oui c'est quelqu'un que tu connais bien, puis je mettais le doigt dessus, et d'un coup, après quelques secondes d'intense activité cérébrale, ça m'est venu d'un coup, comme un tic qu'on aurait oublié et qui refait surface; "Pierre??". En 20sec il me bombarde d'informations, du genre que pas mal de monde était au courant de mon hospit', en fait, que du coup il s'inquiétait et qui'il était passé voir mes parents, et qu'ils lui avaient filé mon nouveau numéro. Pas du tout du genre à me ravir, comme informations. Et je suis prise au dépourvu. Totalement. Pourquoi il m'appelle, là ? Quand est-ce qu'il va arrêter de consulter mes parents ? Puis surtout comment tous ont eu des nouvelles de moi, bordel ? J'avais pas spécialement envie de le voir, qu'une idée en tête, lui demander de me rendre une peinture que j'avais faite, mais je sais pas, en fait il m'amadoue rapidement, puis c'est juste un appel pour des nouvelles quoi. Vite-fait on en est à se rendre compte que, comme il resort de chez mes parents, et qu'il se trouve que j'y rentre, ben on est dans la même rue, à 20m l'un de l'autre. Ah ouais, le hasard, comme par hasard, hein.
Du coup, je monte dans sa caisse, en me disant que c'est juste pour discuter un peu et après, je rentre m'écrouler. Je suis fatiguée. On discute. A la fois une sorte de détachement mutuel, et la familiarité fluide d'une relation entre deux personnes qui se connaissent bien. Pas que ce soit désagréable, mais j'ai quand même un soubresaut d'envie de retirer violemment ma cuisse de sous sa main quand elle se pose dessus, et il le ressent. La retire, mais renchérit illico une connerie pour ne pas laisser un silence gênant s'installer. Cool. Ca passe bien. Il me propose de passer chez un pote à lui et la répulsion de rentrer est plus forte que la fatigue, alors bon je dis oui, et là bas il passe la main dans mes cheveux, alors bon je peux rien dire contre ça, et le genre de tension-complicité qui n'existe pas entre deux amis s'installe. Je me fais plein de films dans ma tête pour savoir si oui ou non je l'invite chez mes parents la nuit-même, tout en sachant que de toute façons, il y finira.
C'était très étrange, dans le sens incongru. Je venais de passer quelques mois reclue dans un genre de phobie sociale, je m'ouvrais tout juste. Les relations, les affects avec des gens, ça ne me concernait plus. Et même dans tous les cas, je pouvais pas imaginer qu'il serait aussi.."affectueux" ? C'était comme si je ne demandais rien et d'un coup je me prenais des grosses décharges de tendresse comme un coup de poignard dans le coeur inversé. Le mur était là, bien haut, depuis bien longtemps, c'était comme si, trop habituée, j'avais baissé la garde et crak, on le défonce sans que je m'y attende. J'avais vraiment l'impression de découvrir quelque chose que je ne connaissais pas, j'ai juste rouvert une porte restée trop longtemps verrouillée. Je savais pas ce que j'avais envie de crier entre "je t'aime" et "j'aime ça", peut être aucun des deux mais un mélange des deux et personne n'a inventé de mots pour qualifier ce tout alors c'est délicat, donc je n'ai pu que rien dire et resserrer mon étreinte. Et puis tout lessivée que j'étais je n'ai plus eu vraiment envie de dormir de la nuit.
Le lendemain on est allés se trimballer en ville accrochés l'un a l'autre et manger dans une crêperie tel le non-couple qu'on est, sans se poser de questions ou demander de comptes sur ce qu'on faisait, parce que c'était trop naturel. J'ai l'impression qu'on sait, et que ça nous suffit.

Enfin voilà quoi. Désolée d'avoir un peu romancé et tout je crois que j'en avais envie aussi En plus j'ai centré tout ça sur ce mec (en même temps, je me remets encore difficilement du coup de l'appel), mais j'ai l'impression que tout revient en même temps, et c'est pas la seule bonne grosse "surprise" que j'ai eu depuis le début de ces vacances. C'est dingue. Mektoub (mais rien que d'écrire ça, j'ai peur que ça ne dure encore pas)